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Vendredi 12 septembre 2014
Psycho-poème / Pablo Poblète


QUAND LES OISEAUX OUBLIENT DE CHANTER ...
Poète chilien amoureux de la langue française, Pablo est un performeur, un psycho-poète transversal qui crée des images, des sons, du verbe dans l'arène où il produit son acte, et ce, sans préparation, car Pablo est un improvisateur qui cherche sans cesse à piéger le savoir réfugié dans sa mémoire...
Il se poste à la fenêtre de l'art, à l'affût d'un évènement inattendu, les sens en alerte. L'action poétique spontanée est son mode de fonctionnement.
Ses psycho-poèmes (c'est comme ça qu'il les appelle) sont des actes généreux qui flirtent avec un nouveau Dadaïsme, qui comme son référent historique, écartèle les académismes et propose une dérision de notre monde dans une débauche de liberté. Dans cet exercice, l'humour omniprésent convoque le burlesque pour subitement se tourner vers l'épaisseur d'une pensée poétique affûtée. Ce Gargantuas de l'art est un ogre frondeur à l'humeur joviale et emportée.
Dans le tourbillon des images qu'il convoque, le royaume d'enfance pointe parfois son nez de clown pour faire jaillir un peu de tendresse claire.
Nous avons aimé ce funambule sans fil, en équilibre sur le sens. A la fin de la performance, en écoutant le silence, j'ai constaté avec bonheur que les oiseaux avaient retrouvé la mémoire.


AJ










Vendredi 5 septembre 2014
Ex-Voto 
Julie Pichavant et Michel Mathieu



EX-VOTO
Une performance sur la mémoire qui convoque la poésie de Jérôme Rothenberg, où s'invitent certains monstres sacrés de la pensée ou de "l'image aphorique" de comportementalistes puissants qui ont nourri nos sens: Bataille est très présent, au même titre que Kantor. Dans cet accomplissement, cette annonciation, cette épiphanie, se penchent aussi le regard bienveillant de Bergman et celui de son alter ego, l'immense Tarkovski.
C'est dire si cette création de Michel Mathieu nous a séduits et questionnés:
...plongé dans les profondeurs du mystère qui traverse chacun de nous à un certain moment de sa vie: qu'est ce qui se joue vraiment au dedans? Quel est cet état qui se révèle ou se déclare comme une maladie de la chair ou encore se consume en déviations vers de terribles tourments ouvrant la voie à l'indicible.
... dans le climat d'un moment lourd de l'histoire, par cet Ex-Voto déposé à l'intérieur de nos yeux retournés, se joue un drame ordinaire, dans la tête d'un adolescent de 14 ans. Mais cet ordinaire n'en demeure pas moins profondément mystique, profondément violent comme une blessure crue qui écartèle et d'où jaillit la pulsion de vie, celle là même qui mène au merveilleux, aux trancendances de l'accomplissement amoureux ou qui aspire inexorablement dans le vortex de la violence au sein même de l'enfer.

Merci Julie pour ta pureté et ta grâce
Merci michel pour ton regard et la justesse de ton énergie.

AJ












Vendredi 29 août 2014
"Temps retrouvés"
Geneviève Choukroun (danseuse chorégraphe) et Michel Bouguen (danseur, analyste du mouvement)

La danse suspendue...
Geneviève Choukroun et Michel Bouguen convoquent la mémoire de leur vécu de danseurs chorégraphe ou analyste, scrutant le mouvement "motion is life" (A. Nicholaïs).
Avec le temps, s'inscrit dans le corps la sagesse, l'acceptation de la finitude de nos vies. Ce savoir est une force qui libère le corps de son égo, reste l'essence, l'épure du geste, du mouvement. Sans basculer dans une posture orientaliste qui donnerait à voir le rien, une danse à la Debort ou à la Malevitch (il n'y a plus rien...circulez, il n'y a rien à voir...). Geneviève et Michel nous racontent une histoire, celle de la danse qu'ils ont traversée dans leur chair et leur passion:
...le centre d'où nait le geste, la posture, l'énergie qui vibre au cœur de la terre ou la fluidité qui dans l'air déroule ses arabesques arabo-andalouses teintées d'histoires et de rencontres, comme cette fleur de tango qui montre ses pétales rouges et blancs dans le ventre de la minoterie, en son cœur, en son âme, même là où l'énergie venant de l'eau, développait jadis son ascension, mettant en marche les outils du partage...
J'ai eu le privilège de filmer Geneviève et Michel dans les turbines du moulin et prêt des machines à grains en repos qui pour l'heure côtoient la peinture au travers d'une arche orthogonale dans la paille mémoire. 
Émouvantes retrouvailles de ces semeurs de vent qui nous ont apporté un parfum d'amour et d'espérance, montrant que le corps du danseur se souvient et magnifie avec le temps la beauté de la vie.
Un grand merci.... Ce soir là, dans la minoterie du Seuil de Naurouze, vous ne dansiez pas, vous étiez la danse.

AJ











Vendredi 22 août 2014
La mythologie des constellations
Jean Noël Sarrail

 Lors de cette soirée, la mythologie du Seuil de Naurouze s'est confrontée à sa grande sœur la mythologie des constellations. La Grèce est venue nous visiter, et nous voilà face à la mère de notre culture. A écouter Jean Noël, la violence terrible pratiquée au quotidien par les occupants de l'Olympe est restée d'actualité dans nos sociétés dites modernes, jusqu'à en graver ses Héros et certains de leurs actes dans le ciel.
Le mode du récit, la poésie cathartique de nos ascendants est sollicitée en regardant le ciel... Relier le ciel et la terre, le cosmos et nos conditions de vivants avec l'humanité, nous a fait le plus grand bien, car dans notre incommensurable orgueil, nous oublions bien souvent que nous ne sommes que poussières d'étoiles dans l'univers. Regarder le ciel, c'est se considérer enfin à sa juste place et réfléchir à comment préserver ce merveilleux cadeau qu'on appelle la vie. Peut-être que les mythes dans leur fonction d’exutoire nous réconcilieront avec une profonde humanité...

PG et AJ











Vendredi 15 août 2014
Duo danse / Musique 
Anna Fayard / Heddy Boubaker (basse électrique)

Dans un éclat liquide, les contours mouvants d'une silhouette se dessinent, celle d'Anna Fayard. "La perte politique", texte de Marguerite Duras prend son. Comme un écho sur la perte, l'absence ou la présence, Anna va développer des attitudes, des postures statiques ou mobiles évoluant dans une lenteur hypnotique à la fois sobre et épaisse, toujours sur la brèche. A sa rencontre, dans un éclat électrique, la basse d'Heddy Boubaker filtrant dans les pores de la pierre jusqu'à réveiller les Naïades. Le jeu varié et variable des cordes de la basse, tantôt bruitiste, tantôt lyrique s'installe comme un contrechant. En filigrane se dévoile une histoire, celle instantanée d'une rencontre de chair et d'eau, de pierre et de feu, la justesse du mouvement épousant les contours de la basse jusqu'à se fondre dans la pierre grise de la salle du bassin de la Minoterie.

PG








Vendredi 8 août 2014 
Zoubooo 
Henri Herteman (trombone, mélodica, piano) / Elisa trocmé (clarinette, clarinette contrebasse, trompette) / Gerard Frykman (Contrebasse électrique)


Le trio Zoubooo a investi la minoterie ce vendredi 8 août faisant s'entrechoquer les sons par-delà les nuages. Une sorte d'offrande, choc-résonance appelant tout en delicatesse par les sons d'eau "trompettisés" d'Elisa, un Neptune ensommeillé. A travers les murs, la basse fantomatique de Gerard Frykman veille, nous guidant vers une autre pièce de la minoterie où le trio jusqu'alors séparé se retrouve. Le trio ne se refuse rien, composant en temps réel des univers bruités, mélodiques, une véritable synergie d'entités en mouvement. Le jeu libre apporté par le piano d'Henri Herteman, sorte de pivot rythmique, endiablé viendra clore cet instant unique.
Merci à vous trois pour ce moment partagé.

PG












Vendredi 1er août 2014
Olivier Gailly, violoncelliste, concertiste


Le rêve éveillé...
...comme un moment en suspens, où les fenêtres resteraient constamment ouvertes, laissant passer de douces bourrasques de souvenirs plus ou moins lointains...
... des odeurs d'enfance, de confitures, de lait chaud... une lumière douce dans la paille litière du temps, sur laquelle un instants se reposent nos esprits souvent embués par l'inflation dérisoire du monde qui se heurte à la fenêtre close de l'homme. Dans cette hésitation, dans cet égarement constant, demeure l'espoir d'une déviation qui justement nous remettrait sur un axe de lumière. En ce sens, l'art reste un extraordinaire vecteur capable de questionner l'être au plus profond de ses singularités rendues et révélées l'espace de la "confrontation-rencontre", nécessaires et profondément utiles...
Qu'en est-il du processus de mémoire opérant sur le fil affectif des coupes, des agencements ou des mutations plus ou moins complexes?... Reste la pureté d'un son que je qualifierais d'intrinsèquement romantique, ce qui, en ces temps de libéralisme effréné ressemble à un souffle puissant d'air pur.
Beethoven se couche sur l'oscillation de la corde comme sur un souffle de vent et tous les romantiques sont là, juste derrière....
.....Que le son soit avec vous...

AJ










Vendredi 25 juillet 2014
Cinquième lecture sur le paysage
lecture et texte Jean-Léon Pallandre / Danse et actions Anna Pietsch

Une lecture poétique mise en scène... un théâtre de mots où l'image du corps coule, rebondit, résonne, préfigure et quelquefois résout les maux qu'engendre les mots. Un travail passionnant sur les chocs résonances...après avoir énoncé, par le corps, par la voix, l'état reste en suspens. Dans cette respiration, dans ce faux silence se construisent des mondes qui se faufilent par les fentes ouvertes sous le choc du verbe ou de son intention. Un théâtre cathartique s'est installé ce vendredi où nos peurs, nos envies,  nos tourments ont trouvé un vaisseau pour voyager au delà et ainsi se transformer en s'atomisant ou en s’agglomérant, nous permettant justement d'être un peu plus sereins, un peu plus confiants tant l'exercice poétique a su nous magnifier.
La poésie est affaire de musiciens, le phrasé, le rythme, la gestion des tensions-rétentions, les inflexions, les jeux de timbre aiment couler dans le flux naturel du compositeur écrivant. 
Bref, ce qui me manque si souvent lorsque j'écoute bon nombre de diseurs qui occupent le champ de la poésie contemporaine actuelle, était ce soir là, bien présent, bien encré, une langue vive qui parle aux sens et ouvre sans cesse des espaces afin que l'écoutant puisse s'y engouffrer... Ce soir là, Anna et Jean-Léon à n'en pas douter étaient bien dans l'état de poiësis.

AJ




































Vendredi 18 juillet 2014
Designer sonore / Gilles Malatray


Le quatrième invité du Meta-Opera / La clé des dormants était un designer sonore. Derrière cette posture bien encrée dans la terre et en parfaite synergie avec les variations constantes du ciel, Gilles Malatray est ce que je j'appelle volontiers "un poète du son" en tant qu'il est un vecteur permettant aux visiteurs du jour de franchir une dimension holistique présente et prospective, à la rencontre de leur propre environnement sonore si familier et pourtant souvent inexploré.
Ce vendredi à la Minoterie et à ses alentours, Gilles nous a servi de guide, nous proposant de tendre l'oreille vers l'écologie sonore, empruntant les chemins d'une poésie naturelle dans laquelle il accompagne et révèle "le promeneur écoutant" sans omettre de faire un brin d'histoire et de rendre hommage à ses prédécesseurs: théoriciens, musiciens, humanistes, philosophes, chercheurs, au milieu d'un glossaire idiomatique incontournable: les vocables de biophonie, acoulogie, géophonie, bioacoustique et les notions de paysages sonores, de promeneur écoutant.... à travers le son des mots mêmes, qui proposent pour certains des concepts. Nous avons pu firter avec les traces mémorielles de quelques pionniers que furent entre autre: Mathieu Crocq, Pierre Schaeffer, Raymond Murray Schafer, Luc Ferrari, Michel Chion et bien sur l'incontournable monument de la philosophie naturelle du son, le passeur merveilleux qu'a été et continue d'être: John Cage.
Un grand merci à notre ami Gilles Malatray pour son écoute profonde et pertinente.

AJ









Vendredi 11 juillet 2014
Christine Couzi / Laurent Avizou


Deux monochromes blanc et noir épousent les gestes intérieurs, doux et  violents  de la danse traversée par  les distorsions électriques. Un travail de spatialisation nous love dans un halo sonore subtilement  celeste. Une grande qualité d’écoute entre les deux artistes que sont  Christine Couzi et Laurent Avizou qui pour cette soirée nous ont transporté dans un univers confiné, d’une grande intensité.

PG
















Vendredi 4 juillet 2014
LE TRIO SONUS VIVENDI
Patricya  Rydzok, Gilles Dalbis, Jean-Jacques Di Tucci


Dans le clair obscur d’une fin de journée de juillet le trio Sonus Vivendi nous a offert en partage une soirée  chargée d’émotions. Imprégnés du lieu, des traces du temps au regard d’un mur, les sons ont envahis nos consciences suscitant en temps réel nos sensibilités de vibrants, mêlant  voix, percussions et piano pour un voyage à l’infini. Cela aurait pu ne jamais s’arrêter……  Les éclats de voix contenus à travers les auteurs que sont John Giorno,  Christophe Tarkos et Patrick Laupin trouvent un délicat répondant  pianistique et percussif  jusqu’à former une entité celle de Sonus Vivendi. Un véritable songe impressionniste.

PG











Vendredi 27 juin 2014
JONATHAN ZWAENEPOËL / SOLITUDES


Solitudes, c'est le titre de l’œuvre polymorphe que le compositeur-concertiste Jonathan Zwaenepoël a présenté vendredi à La minoterie du seuil de Naurouze.

Un cordage de lignes relie le ciel et la terre en inscrivant des plans multiples qui dessinent un espace habité par des verticales mouvantes, sortes de membranes opaques qui semblent danser au grès du vent . Au milieu de cette scénographie cinétique, l'artiste pilote un euphonium équipé de capteurs et d'objets divers reliés à un dispositif informatique.
Tout en émettant les sons propres à l'instrument, cette nouvelle lutherie permet d'agir en temps réel sur des cellules musicales combinables à l'infini que permet la programmation subtile que le compositeur à pris soin d'implémenter dans son ordinateur. Le dispositif informatique pilote aussi en temps réel des images vidéo qui interviennent pour certaines comme des flashs pour d'autres comme des films expérimentaux dont le dispositif sonore serait en quelque sorte le contrepoint.
Une orchestration riche et puissante diffusée sur un dispositif audio multi-sources dont le réglage précis propose une dimension sculpturale de l'espace sonore.
Nous avons particulièrement apprécié ce méta-orchestre, visuel et sonore dont le compositeur-concertiste est le chef d'orchestre omnipotent.

Merci Jonathan pour ce beau travail!

AJ




















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